Pôle missionnaire du Val Maubuée

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Pâques (cliquez pour info)  

Vendredi 17 Avril 2020, 08:00

Propositions en famille pour le dimanche de Pâques (cliquez)

 

Pâques 2020, chemin d’espérance

Parce que nous avons plus de temps, j’ai regardé il y a peu un documentaire sur les trous noirs … Les trous noirs naissent lorsqu’une étoile s’effondre sur elle-même ou plusieurs étoiles entrent en collision et s’effondrent sur elles-mêmes donnant un élément extrêmement massif. Un trou noir possède un champ gravitationnel, si intense qu’aucune matière qui y pénètre ne peut plus en ressortir, y compris la lumière. C’est pourquoi les trous noirs sont des objets optiquement invisibles. Par contre, il est possible de détecter la matière happée par un trou noir, car elle est chauffée à de très hautes températures : cette matière forme un disque d’accrétion, qui ressemble à un halo lumineux sur l’unique photo de trou noir qui n’ait jamais été faite. Mais un trou noir n’est pas un endroit de l’espace qui serait vide. Au contraire, un trou noir est une région de l’espace où s’accumule une très grande quantité de matière.

Cela s‘étudie à l’échelle de l’univers dont nous sommes (y compris notre terre) une poussière macroscopique ! Je me suis alors dit que notre mort pourrait être considérée comme un trou noir : on ne nous voit plus vivant, mais nous existons autrement avec une densité magnifique qui est celle de l’amour de Dieu qui concentrerait toute la matière essentielle de la vie. Nous devenons vraiment des enfants du Père dans une symbiose qui nous fait autre mais nous considère cependant comme être à part entière.

Chaque année Pâque nous rappelle cet évènement de transfiguration qui nous a été offert à la résurrection de Jésus. Ce que nous avons à peine ébauché à notre baptême devient réalité tangible ! Cela parce que Dieu a pris le parti fou de se faire homme et de vivre toutes les sensations humaines jusqu’à la souffrance et la mort pour se mettre au service de notre salut.

Notre Pape François lors de son homélie des rameaux a notamment précisé : « Dieu nous a sauvés en nous servant. En général nous pensons que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous a servi gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimé. Et il est encore plus difficile de servir si nous ne nous laissons pas servir par Dieu. Mais de quelle façon le Seigneur nous a-t-il servi ? En donnant sa vie pour nous. Nous lui sommes chers et nous lui avons coûté cher. Sainte Angèle de Foligno a témoigné d’avoir entendu de Jésus ces paroles : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ». Son amour l’a conduit à se sacrifier pour nous, à prendre sur lui tout notre mal. C’est une chose qui nous laisse pantois : Dieu nous a sauvés en acceptant que notre mal s’acharne sur lui. Sans réagir, avec seulement l’humilité, la patience et l’obéissance du serviteur, exclusivement avec la force de l’amour. Et le Père a soutenu le service de Jésus : il n’a pas mis en déroute le mal qui s’abattait sur lui, mais il a soutenu sa souffrance, pour que notre mal soit vaincu seulement par le bien, pour qu’il soit traversé jusqu’au fond par l’amour. Jusqu’au fond. »

La souffrance et le mal, nous pouvons les sentir au plus intime aujourd’hui dans la pandémie du Covid19, qui s’abat sur le monde. Ce n’est pas une première, l’histoire nous a déjà appris que notre humanité y est exposée, mais la rapidité de sa transmission est inédite. Elle dresse chaque jour un tableau frémissant du nombre de morts, comme une course à la vie que nous sommes en train de courir.

La mort est notre finitude humaine et nous cherchons aujourd’hui à l’oublier dans d’autres courses au profit, à la jouissance … Mais elle appelle à la considérer avec la plus haute importance pour défendre la vie. Que toutes les personnes qui en ce moment se donnent pour préserver cette vie en soient profondément remerciées. Elles mettent de l‘extraordinaire dans notre ordinaire et sont les héros et les hérauts de notre quotidien où nous retrouvons de la confiance en l’humanité ! Chacune est un bon samaritain sur la route de nos ennuis. Nous sommes appelés peut-être à être les aubergistes pour continuer le service. Cherchons, à notre mesure et sans nous exposer pour ne pas engorger les hôpitaux, ce que nous pouvons apporter comme pierre à l‘édifice de l’empathie : il y a déjà des initiatives qui sont des cairns de la vie.

Voilà me direz-vous une deuxième fois en deux ans où la période du carême et de Pâque est troublée : après l’incendie de notre Dame, le Coronavirus ! La souffrance fait aussi partie de notre vie, mais elle n’est jamais une volonté divine de punir l’humanité pécheresse. Déjà Jésus le précisait dans l’évangile de Luc 13, 1-5 : « À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. ». »  N’est-ce pas aussi la parole qui ouvre le carême au mercredi des Cendres ?

Notre mission est de nous convertir à l’amour de Dieu au plus tôt. Le Christ est certes patient, lent à la colère et miséricordieux, toutefois il nous enjoint d’être des proches de tous les souffrants, parce qu’il ne faut pas composer avec la souffrance. Il doit nous importer de la soulager comme le Christ l’a fait au long de sa vie : ce chemin de carême nous demande peut-être d’avoir le regard bienveillant de Jésus sur ceux qui l’entourent, que l’on cherche même à cacher quelquefois, qui se perd dans une foule compacte d’autre fois … Il nous presse de nous détourner de notre route pour aller vers la fille de Jaïre qui se meurt, de s’approcher du lépreux qui demande pitié … Parce qu’il est venu pour sauver l’homme en allant à sa rencontre.

Peut-être notre rôle est-il de prier pour nos sœurs et nos frères en humanité. Saint Jacques nous le clame haut et fort : « … priez les uns pour les autres afin d’être guéris, car la supplication du juste agit avec beaucoup de puissance. ». Et je retiens ce que conclut Coline SERREAU dans un texte sur le Coronavirus : « Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir, à ceux qui en ont besoin. ».

Nous sommes appelés à continuer la mission de Jésus Christ mort et ressuscité auprès de nos frères et sœurs en humanité aujourd’hui comme il l’a laissé entendre à l’ascension … Paul nous le rappelle dans l‘épitre aux Romains 12, 1-2 : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez­-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

Pour vivre cette mission il nous faut nous abandonner dans le Christ. Comme l’écrit François VARILLON : « Ma vie, du moins était à moi : voici la mort où l’on entre absolument seul en emportant avec soi uniquement ce que l’on a donné Ce qu’on n’a pas donné reste là et pourrit peu à peu, mais ce que l’on a donné s’est transformé en être et on l’emporte avec soi pour l’éternité. Car notre être se construit de ce que nous donnons, à l’image de Dieu qui est, Lui, si l’on peut dire, éternellement construit de son propre don. » Il continue et invite : « … il faut bien être persuadé que l’Incarnation de Dieu ne se termine pas au christ, mais se poursuit en l’humanité tout entière. Tant que nous imaginerons que Dieu s’unit à un homme appelé Jésus, nous ne comprendrons rien. Le fond des choses, c’est que Dieu s’unit ou épouse l’humanité tout entière par le Christ. Dieu s’est fait homme pour que tous les hommes soient divinisés. L’eucharistie est l’universalisation de l’œuvre du Christ. ». Vivre cette communion, instituée à Pâque, est difficile aujourd’hui ; mais, parce qu’elle est le sommet de la vie chrétienne, gardons en nous le profond désir d’y participer en esprit et en conscience car elle nous ajuste ou nous justifie dans le service des frères, prolongeant au quotidien la fraction du pain, nous appelant à pardonner et nous entraînant à résister à la tentation et lutter contre le mal.

Voilà le vrai sens de la Résurrection ! Puissions-nous le vivre demain, lorsque la pandémie sera passée, dans une humanité enfin détournée de l’avidité, de la corruption, de la jouissance infinie, … Puissions-nous apprendre nos limites et découvrir la beauté de notre monde, de ce qui nous entoure, humanité, faune et flore, prendre le temps de nous regarder comme enfant et création d’un même Père.

La résurrection nous ouvrira, je le crois, à un univers autre dans le halo de la lumière dense et éblouissante du Christ transfiguré. Que notre vie d’aujourd’hui, ébauche de cette lumineuse éternité, soit pleine et entière, joyeuse et paisible. Attelons-nous, au nom de la Sainte Trinité, revigorés par la miséricorde inconditionnelle du Père, l’amour sans cesse redonné du fils et la force infinie de l’Esprit Saint, à cette tache de préserver la vie, la paix, la joie. Soyons enfin heureux d’être chrétiens ou simplement des êtres humains !

Laissons au Pape François le dernier mot : « Voici mon serviteur que je soutiens. Le Père qui a soutenu Jésus dans sa Passion, nous encourage nous aussi dans le service. Certes, aimer, prier, pardonner, prendre soin des autres, en famille comme dans la société, peut coûter. Cela peut sembler un chemin de croix. Mais le chemin du service est le chemin vainqueur, qui nous a sauvés et qui nous sauve la vie ... Chers amis, regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci : ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Sentez-vous appelés à mettre en jeu votre vie. N’ayez pas peur de la dépenser pour Dieu et pour les autres, vous y gagnerez ! Parce que la vie est un don qui se reçoit en se donnant. Et parce que la joie la plus grande est de dire oui à l’amour, sans si et sans mais. Comme Jésus pour nous. ».

Jean Inglèse - Diacre

 

 

Lieu :  Pôle du Val Maubuée
 
 

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